Le SNETAA-FO prend acte de la doctrine de dé-confinement présentée par le Premier Ministre à la représentation nationale.
Elle soulève de multiples questions chez tous les personnels et plus globalement auprès de toute la population qui a entendu tout et son contraire depuis le 17 mars quand elle avait besoin d’être rassurée par des informations claires et vérifiables.
Si la partition s’écrit au jour-le-jour, enfin le papier à musique devrait pouvoir ouvrir des espaces de négociation absolument nécessaire ; les salariés et les fonctionnaires doivent prendre toute leur place : FO portera nos mandats lors des discussions ce jeudi 30 mars à Matignon. Nous, professeurs de lycée professionnel (PLP), CPE, professeurs contractuels exigeons de pouvoir intervenir sur le protocole national présenté dans les jours qui viennent par le ministre de l’Éducation nationale. Les personnels ont une réelle expertise sur leur travail et les bonnes pratiques.
Pour le SNETAA FO, il ne faut pas confondre « reprise » avec « précipitation ».
Un protocole national partagé doit prendre du temps pour s’assurer que les Lycées Professionnels pourront reprendre avec des GARANTIES SANITAIRES indispensables pour toute la communauté éducative, élèves et personnels. En l’occurrence, il s’agira aussi de s’appuyer sur les retours d’expérience des autres pays pour garantir la santé pour tous.
Pour l’heure, la date de reprise pour les lycées professionnels est à ce jour hypothétique et devra être confirmée ou non pour le 02 juin.
Les professeurs des lycées professionnels assurent un travail extraordinaire depuis le début du confinement. Notre implication est autant reconnue par les élèves que par leurs familles quand la continuité pédagogique s’est révélée extrêmement difficile pour un grand nombre de disciplines. Nos collègues ont mis en place – avec leurs propres moyens et sans formation aucune – des trésors d’ingéniosité qui font l’honneur de l’enseignement professionnel initial public et laïque. C’est aussi vrai pour les personnels volontaires qui s’occupent, en présentiel, des enfants de soignants, de pompiers, de policiers, d’éboueurs ; nous avons parmi eux un grand nombre de militants. Chacun, avec ses moyens et ses possibilités, se donne à fond, chaque jour, pour les jeunes que la Nation nous a confiés.
Nous sommes fiers de l’enseignement professionnel et de TOUS ces personnels, sans exception.
Les taux de décrochage des élèves révèlent ce que nous ne cessons de pointer comme difficultés au quotidien ; et ce, souvent, dans une indifférence générale propre aux « invisibles » qu’on loue ici et là mais qu’on ne veut ni voir ni entendre…
Ce confinement révèle la force de l’École comme ciment de notre société quand les lycées professionnels sont souvent le dernier maillon qui permet à des milliers de jeunes de retrouver les rails pour être des travailleurs et des citoyens insérés. Le pays doit mettre tous les moyens sur les lycées professionnels, les SEGPA, les Erea car ils font, encore plus en cette période terrible et inédite, l’honneur de l’École de la République !
L’immense crise économique qui s’annonce sera une crise sociale dont personne ne devrait, en responsabilité, minorer : elle sera du « jamais vu ». Elle aura encore plus durement des conséquences sur les jeunes dont nous avons la charge : rupture numérique, rupture sociale, économie parallèle mise à mal, désocialisation, rupture civique et civile, etc. Force Ouvrière portera les intérêts des salariés et des fonctionnaires dans la discussion à Matignon de ce jeudi 30 avril. Elle rappellera l’urgence d’empêcher les licenciements ; elle portera nos revendications sur la santé au travail tout en garantissant les libertés individuelles, collectives et éthiques dans un pays DÉMOCRATIQUE.
Pour les jeunes de ce pays, nous attendons des mesures urgentes :
- l’ouverture partout de classes de CAP en 3 ans pour permettre aux plus fragiles de pouvoir obtenir leur diplôme national à un rythme qui prend en compte leurs difficultés. C’est donc dès maintenant plus de DGH pour les lycées professionnels !
- l’ouverture de places pour les apprentis de niveaux CAP et Bac Pro qui sont actuellement pour 75 % d’entre eux en chômage partiel et qui risquent de subir en premier, avec les travailleurs intérimaires, des licenciements massifs. C’est entre 40 000 et 70 000 apprentis qui vont être licenciés. L’École de la République doit être leur assurance : nous devons pouvoir les accueillir en initiale dès septembre pour ne pas interrompre leur parcours. C’est maintenant des places à ouvrir en lycées professionnels donc de la DGH (dotation globale horaire) donc tous les postes de PLP nécessaires ! C’est le devoir de l’École de palier à ce système de formation inadaptée et sous perfusion financière comme pour se débarrasser d’un grand nombre de jeunes.
- c’est ouvrir dans tous les LP, un nombre important de BTS en LP avec des PLP pour se donner les moyens aux jeunes de mieux réussir ce diplôme professionnel insérant : c’est MAINTENANT.
À ce jour, nous attendons toutes les garanties sanitaires que l’État doit à ses fonctionnaires pour assurer le « bien primordial » : la santé pour tous !
Pascal VIVIER
Secrétaire général
SNETAA-FO