L’orientation, ce spectre qui hante élèves, parents et enseignants depuis de nombreuses années, a souvent fait couler beaucoup d’encre et de larmes. Entre les phénomènes de mode (socio-économiques) et les différentes réformes inhérentes, la question de l’orientation prend des tournures des plus étonnantes, voire incongrues, à l’image des définitions que l’on a pu lui associer.
Dans son ouvrage paru début juillet, Frédérique Weixler, inspectrice générale de l’éducation, du sport et de la recherche, dresse une rétrospective documentée sur les rapports complexes entre la démarche d’orientation et l’évolution des objectifs qui lui sont attribués, selon les choix politiques du moment. Se pose ainsi la question des véritables fondements de l’orientation et du rôle de l’Ecole dans l’accompagnement du futur actif et citoyen à prendre les rênes de son avenir.
D’une orientation imposée, selon des critères établis, à une orientation prétendument « choisie », conditionnée par une réelle connaissance de l’élève de ses possibilités et l’expression de ses envies, le parcours se révèle sinueux et en perpétuelle révision.
Replacer dans un contexte européen et international, l’orientation maintient son enjeu d’une course à la performance et à l’homogénéisation d’un parcours scolaire, professionnalisant (programmes internationaux d’évaluation). Elle se présente comme une recherche de la voie parfaite d’insertion dans la vie active conduite selon des schémas directeurs normalisés.
Les répercussions sociales sont encore bien marquées même si la fonction «d’ascenseur social» attribuée au cursus scolaire officie, malgré tout, des changements non négligeables et encourageants pour les élèves des milieux les moins favorisées.
Les plafonds de verre ne sont, au final, plus aussi inaccessibles en dépit de l’opiniâtreté du conditionnement social et des préjugés.
Frédéric Weixler, L’orientation scolaire : Paradoxes, mythes et défis, Editions Berger-Levrault, 2 juillet 2020