Comment définir la rentrée des vacances de Toussaint après que Samuel Paty a été assassiné et que l’administration de l’Éducation nationale a été incapable d’expliquer avec des mots simples pourquoi elle ne pouvait pas envisager les deux heures de concertation nécessaires avant le recueillement de tous ? Comment exprimer la défiance des collègues quand ils se sont rendu compte que le protocole sanitaire imposait l’allègement des effectifs élèves dans les classes et dans les lycées alors qu’on leur demandait de les prendre tous, dès la rentrée, en multipliant les risques épidémiques ? Nous avons déjà beaucoup écrit là-dessus.
Cette gestion des crises révèle, s’il le fallait encore, l’incurie de notre État, son impréparation aux situations « exceptionnelles » ; cette gestion révèle une forme de déliquescence et du pouvoir politique et du pouvoir de toutes les formes d’institution qui ne savent plus ce qu’est le réel. Ce n’est pas qu’ils sont dans le déni (ils et elles pensent tous prendre des décisions ou porter des mandats justes), c’est qu’ils ne sont plus à l’écoute de la vraie vie, à l’écoute des gens.
Lacan disait que « le réel, c’est quand on se cogne ». Il semble qu’il n’y a plus grand monde pour s’y coller… Cela ne date pas d’hier. Toutefois, la crise épidémique, les derniers événements abjects sont révélateurs d’une forme de paralysie décisionnelle et on la retrouve à tous les niveaux. Les chefs d’établissement attendent les consignes du DASEN qui, lui-même, attend les consignes du recteur qui, lui-même, essaie de comprendre consignes et contre-consignes d’un État perdu ou paniqué.
Le constat est tout aussi affligeant dans les appareils syndicaux ne faisant plus la différence entre sociétal et syndical et oubliant leurs propres mandants. Pourtant, il nous appartient de représenter réellement les salariés, pour nous les PLP, les CPE, tous les personnels de la voie pro, titulaires ou contractuels. On ne s’y perd pas au SNETAA.
On nous a égrené tous les mots usés par ceux-là mêmes qui nous ont conduit à cette « anarchie du malheur »… Ils nous parlent de laïcité comme ils nous parlent de religion. Ils nous parlent de « territoires abandonnés » comme si nous étions des animaux, sans dire que ce sont des gens que la République a abandonnés.
On nous parle de « communautés » quand on ne devrait n’en reconnaître qu’une : « la communauté nationale remplie des richesses plurielles qui réussissent à faire nation ». On nous essentialise sur une particularité quand nous sommes tous plus complexes et plus vivants. Comment ne pas se perdre quand les mots usités travestissent la réalité des braves gens ?
Il y a de l’espoir.
Il passe par des combats à mener ensemble. Tous ensemble, nous sommes porteurs d’un grand espoir pour une société qui doit se panser et se penser pour un autre quotidien ! Il faut qu’on nous donne les moyens de changer la vie des jeunes et la nôtre ! D’abord, en mettant tous les moyens dans les lycées professionnels. Qui le fera ? Quel ministre ? Et combien de hauts fonctionnaires dépenseront encore toute leur énergie pour l’en empêcher ? L’histoire bégaie…
L’École républicaine, laïque, gratuite et émancipatrice est une chance pour tous les jeunes et pour tous les professionnels de l’Éducation. Alors continuons à mener le combat pour réussir cette mission !
Et en attendant, défendre un à un, tous les dossiers des collègues adhérents qui veulent obtenir une mutation est notre exigence syndicale. Les professeurs stagiaires et tous les titulaires qui veulent une mutation doivent pouvoir l’obtenir car en étant « heureux », nous faisons de bons professionnels.
Nous nous battrons pour chaque adhérent, chaque adhérente SNETAA qui veut sa mutation. Nous ne les remporterons pas toutes mais nous y mettrons toute notre énergie de militant, toute l’expérience d’une organisation syndicale majoritaire depuis 1948 et présente sur toutes les académies (y compris en outre-mer).