Fin septembre s’est tenue la première « E-biennale » du Céreq (centre d’études et de recherches sur les qualifications). Le SNETAA-FO a été invité à y participer ; il a pu ainsi porter l’enseignement professionnel initial public et laïque.
Nous avons notamment souhaité dénoncer les « dérives » de la loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » qui confie aux branches professionnelles l’apprentissage, la carte des formations professionnelles et ouvre la porte à la mise en concurrence des établissements publics et privés de formation.
« L’entreprise rend-elle compétent·e ? ». En tout, dix-neuf experts ont essayé de répondre à cette question. Ce sujet ne laisse bien évidemment pas indifférent le SNETAA. En effet, l’entreprise joue un rôle majeur dans nos formations. Le sociologue et économiste Éric Verdier se questionne sur la place de l’entreprise dans les systèmes de formation initiale en Europe. La France étant à la croisée des systèmes européens, « en quelque sorte, une hybridation », pour lui, le poids académique reste fort, même si « le pays se dirige progressivement vers le système allemand en développant l’alternance ».
Pour le SNETAA-FO, l’entreprise est un partenaire privilégié de la formation initiale mais le lycée professionnel doit rester le lieu de la professionnalisation dès l’entrée du jeune dans nos EPLE. La voie professionnelle doit prendre ainsi toute sa place en tant que voie d’enseignement dans la formation initiale publique et laïque sous statut scolaire.
Deuxième temps fort de cette e-biennale : le campus des métiers. Les premiers ont vu le jour en 2014 et sont actuellement au nombre de 95. Des directeurs de campus ont mis en lumière les possibilités et les défis de ces réseaux implantés sur les territoires. Selon eux, l’objectif des campus est le renouvellement de l’appareil de formation pour coller aux besoins des entreprises tout en contribuant à l’économie du territoire. La possibilité de créer une FCIL est utilisée afin de faire coïncider leurs référentiels aux besoins territoriaux.
Pour le SNETAA, penser « campus des métiers », c’est restreindre les possibilités d’accès aux élèves du fait de leur localisation. Et avec la création de France compétences, les organismes de formation pullulent. Devenue la seule instance chargée de la certification, elle fait autorité pour que soit reconnu n’importe quel diplôme, certificat, quelle que soit l’institution, publique ou non, centre de formation ou « école » auto-proclamée.
Le SNETAA-FO n’a eu de cesse d’alerter sur le fait que le transfert de la reconnaissance des diplômes à France Compétences, appuie la mise en concurrence du public et du privé et fait craindre le pire quant au maintien d’une offre de formation diversifiée sur le territoire. En effet, un organisme de formation quelconque pourra très bien décider de créer un diplôme que l’Éducation nationale ne propose pas encore, détournant un public que nos LP devraient accueillir, avec toutes les conséquences que cela suppose.
Le SNETAA-FO demande une réelle promotion de la voie professionnelle initiale sous statut scolaire pour être à la hauteur des enjeux et de la volonté déclarée de notre ministre d’en faire une voie d’excellence.