On aurait pu se réjouir du regard neuf d’Anne Genetet nommée par le Président de la République dans les fonctions de ministre de l’Éducation nationale. Dès son premier message sur X, les professeurs de lettres étaient déjà tous en PLS.
On aurait pu se réjouir que le Premier ministre grave dans le marbre un ministère délégué à l’Enseignement professionnel. C’était sans compter l’intitulé « ministre délégué à la Réussite scolaire et à l’Enseignement professionnel »… comme si le ministère de la Santé s’intitulait « ministère des Biens portants et des Malades ».
L’enseignement professionnel est une voie d’excellence car de réussite… Ici, le message est affiché : « c’est l’enfant malade du système ». Au moins, les choses sont dites et on aurait pu en faire fi mais l’étiquette vient d’être collée à l’image de « ces gens qui ont ces problèmes » sous couvert « d’un humanisme », tel le prêtre a toute compassion pour le pécheur… Nous sommes pécheurs ! On comprend mieux que le pays ait failli obtenir un ministère de la Laïcité devenu dans le week-end « ministère de la Citoyenneté et contre les discriminations »… En voilà deux discriminations :
– renvoyer l’identité d’une personne à un problème ;
– opposer l’enseignement professionnel à « la réussite ».
En totale indépendance, le SNETAA discute avec tous les interlocuteurs que la vie démocratique nomme aux responsabilités les plus hautes. Alors malgré ces premiers faux pas dont on nous expliquera « avec humanité » qu’ils n’en sont pas et en totale indépendance, le SNETAA restait dans l’attente. Parfois la composition des cabinets donnent des pistes. Elles sont finalement claires : c’est l’ancien recteur de Nancy qui n’a laissé aucun regret ni au dialogue social ni à l’enseignement professionnel, devenu depuis conseiller du Premier ministre à Matignon qui compose les cabinets. Avec une sorte de pied-de-nez envoyée à toute la communauté éducative et plus largement au pays : « avec le pire, on va faire le meilleur ! ». On en regrette déjà les arbitrages d’Alexis Kohler et Pierre-André Imbert.
Alors, comme Anouilh balaie « le sale espoir »*, il eut fallu être fou pour avoir quelque « espérance ».
Le SNETAA exige l’abrogation de la réforme de l’enseignement professionnel portée par le ministère Grandjean (dire qu’on croyait avoir rencontré le pire…) qui déstabilise à grand frais (1 milliard d’euros) tout l’enseignement professionnel en sapant tant le moral des professeurs de lycée professionnel que des entreprises. Gageons que les organisations seront reçues en « toute humanité » sans jamais être entendues. On s’y est presque habitués car pour être entendus, il faut d’abord avoir l’humilité pour considérer ces professionnels comme experts du secteur. Mais voilà, les professeurs de lycée professionnel (PLP) deviennent à leur tour, souvent cumulards, « ces gens qui ont des problèmes ».
Le SNETAA exige l’abrogation de la réforme de l’enseignement professionnel.
Il exige un diagnostic juste, éclairé et partagé avant toute prise de décision.
Il exige des personnels respectés par une valorisation réelle de leurs salaires.
C’est ce que le SNETAA portera lors de l’intersyndicale de l’enseignement professionnel qui se réunit le 30 septembre. Dans l’unité, nous demanderons des mobilisations fortes pour être le moteur d’un vrai renouveau pour l’enseignement professionnel, ses jeunes. Pour être reconnu comme voie de réussite c’est-à-dire une chance pour la réindustrialisation du pays avec des salariés solidement formés aux métiers par des diplômes nationaux mais aussi des citoyens libres en conscience. Sûrement d’énièmes grossièretés pour ce naissain d’apparatchiks qui gravitent et qui ont la responsabilité d’avoir mis l’École de la République en lambeaux.
Après « on change tout pour que rien ne change », vient le moment du « on prend les pires et on lamine tout ce qui reste de l’école de la République, laïque et émancipatrice ».
« Et maintenant, au combat ! »
Ite missa est.
*le Chœur dans Antigone