Les départements et territoires d’Outre-mer ne sont, malheureusement, pas épargnés par l’épidémie de coronavirus avec plus de 1 000 cas relevés le week-end dernier. Si tous ces départements connaissent un couvre-feu de 20h (21h pour la Guyane) à 5h du matin, qui complète les mesures de confinement et la suspension de quasiment tous les vols commerciaux avec la métropole, les situations ne sont pas tout à fait les mêmes qu’on se trouve dans l’Océan Indien, aux Antilles ou dans le Pacifique…
À La Réunion, la rentrée des classes qui aurait dû avoir lieu le 23 mars, après la troisième période de vacances, s’est faite à la maison où élèves et enseignants se sont mis à l’heure de la continuité pédagogique et du télétravail, une semaine après la métropole. Dans le département le plus peuplé d’Outre-mer, on se prépare à faire face à l’augmentation des malades ; pour l’instant, ce sont environ 400 personnes qui ont été testées positives, mais on ne déplore pas de décès. C’est pour seconder les services médicaux des deux départements de l’Océan Indien que le gouvernement français a décidé l’envoi, début avril, du porte-hélicoptères Le Mistral, accompagné d’une frégate ; un apport de 69 lits médicalisés et de personnel qui seront bien utiles, d’autant que La Réunion subit actuellement, tout comme sa voisine Mayotte, une grosse épidémie de dengue qui monopolise déjà les services médicaux.
À Mayotte, la continuité pédagogique est d’ailleurs bien difficile à assurer, au vu de la pauvreté en équipement numérique des élèves voire des professeurs. À cela s’ajoutent de grosses inquiétudes face au risque d’aggravation des contaminations (environ 200 cas à ce jour) que l’unique hôpital de l’île aura bien du mal à traiter. La menace d’une crise alimentaire pourrait s’ajouter à cette crise sanitaire.
Du coté des Antilles, l’inquiétude règne aussi, avec une situation médicale déjà tendue en temps « normal ». L’arrivée possible de médecins étrangers (cubains) serait un réconfort pour ces départements, mais aussi pour la Guyane qui connaît une pénurie chronique de personnel médical. Pour l’instant, ces départements recensent respectivement, environ 150 cas pour la Guadeloupe, 160 pour la Martinique et 90 pour la Guyane.
D’un point de vue scolaire, c’est une année bien particulière pour les élèves des Caraïbes. En effet, à la suite des mouvements de grève contre la réforme des retraites et la suppression des postes d’enseignants pour la rentrée 2020, les élèves martiniquais et guadeloupéens n’ont eu que très peu de journées de cours en établissement depuis le mois de décembre. Il va sans doute être ardu pour ces élèves de se motiver pour suivre les cours par correspondance alors que le retour en classe ne datait que de début mars….
Pour la Polynésie, c’est le 18 mars à midi, soit 3 jours après la métropole, que les écoles ont été fermées et les centaines de jeunes internes scolarisés à Tahiti renvoyés chez eux, dans les îles. Si pendant quelques temps, la Polynésie a cru pouvoir peut-être échapper au virus, celui-ci a malheureusement montré qu’il touchait même les endroits les plus reculés du monde.
La Polynésie compte actuellement une cinquantaine de cas testés positifs, dont la ministre de l’Éducation. Une majorité de cas se concentre sur Papeete mais il y en a aussi à la Presqu’île, et dans les îles de Moorea et Rangiroa. Pour éviter que l’épidémie ne se propage davantage, les mesures exceptionnelles se sont enchaînées : confinement de toute la population depuis le 21 mars et prévu, pour le moment, jusqu’au 29 avril, interdiction de vente d’alcool, couvre-feu de 20h à 5h et fin des liaisons aériennes, aussi bien avec la métropole qu’avec les pays voisins (États-Unis, Nouvelle-Zélande, Chili…) et que les liaisons inter-îles.
Pour pouvoir mettre en place la continuité pédagogique, la Polynésie a, là encore, pris des mesures exceptionnelles en avançant de 15 jours les vacances scolaires de printemps. C’est donc en période de vacances, que les élèves et les enseignants ont démarré leur confinement. Ce qui a laissé un peu de temps à chacun pour s’organiser afin d’être efficient à la reprise des cours, à distance, le 6 avril. Ces 15 jours n’ont pas été de trop car la tâche s’annonce ardue dans cette partie de la France où l’équipement informatique des élèves reste très faible, où les connexions sont encore souvent difficiles, où les abonnements sont pour la plupart limités en débit…
La Nouvelle-Calédonie s’est aussi mise à l’heure de l’enseignement à distance, un peu plus tardivement puisque la fermeture des écoles et le confinement n’ont été décidés que fin mars et le vice-recteur commence déjà à parler de retour à l’école pour les élèves néo-calédoniens qui serait précédé d’une journée de « pré-rentrée » pour les enseignants…
Enfin, à l’heure qu’il est, Wallis-et-Futuna et Saint-Pierre-et-Miquelon ne sont heureusement pas touchés par l’épidémie.
Le SNETAA-FO reste bien évidemment mobilisé pour soutenir tous les collègues ultra-marins et répondre à leurs questions, que ce soit à travers les responsables SNETAA présents sur place ou via le secteur hors de France.
Le SNETAA-FO a d’ailleurs été le premier syndicat à interpeller le ministre de l’Éducation nationale sur la question des mouvements des collègues ultra-marins qui sont mutés en métropole (et métropolitains mutés en Outre-mer) à la suite du mouvement inter et qui doivent voyager cet été. Le MEN nous a répondu que cette question, importante, était aussi du ressort des ministères de l’Outre-mer, des Transports et de la Fonction publique et que des informations seraient livrées très prochainement.