Pour l’enseignement professionnel, nous exigeons toujours toutes les protections nécessaires pour un éventuel retour en présentiel. Les PLP ont d’ores et déjà repris « les cours à la maison » (continuité pédagogique) avec toutes ses difficultés.
Pour l’heure, la reprise de l’enseignement professionnel est toujours hypothétique, pour le 02 juin. Le Premier Ministre annoncera à la fin du mois de mai s’il engage la réouverture des lycées et dans quelles conditions.
Les difficultés sont pour les personnels souvent en surcharge de travail quand ils assurent tout par eux-mêmes, avec leurs propres moyens et sans formation. La question de la dotation en matériels, d’indemnisation pour permettre le télé-enseignement (ordinateur, imprimante, papier, cartouches d’encre, connexion internet, etc) mais aussi de formation doivent être urgemment traitée. Le SNETAA porte ces revendications fortes. Les difficultés sont aussi liées aux manques de retours des élèves avec un décrochage qui s’accélère. Au-delà des chiffres annoncés, les décrochages augmentent ; c’est le cas particulièrement en CAP (de 40 à 60% de décrocheurs) mais c’est aussi ce qu’on observe en Bac Pro comme dans les sections BTS. Les difficultés sont aussi liées aux matières qui sont arrivées au bout-du-bout du télé-enseignement ; les gestes professionnels nécessitent la présence des professeurs.
Toutes les études annoncent de graves conséquences sur l’emploi.
Les amortisseurs sociaux (chômage partiel, aides aux étudiants, prime RSA et allocations logement, etc) permettent de différer ce qui s’observe aux États-Unis par exemple.
Cette crise économique sans précédent touchera, en premier lieu, les travailleurs et les familles les plus précaires. Ces travailleurs qui sont les plus « petitement payés » et « petitement considérés » devront ne jamais être oubliés. Notre responsabilité de syndicalistes est de défendre tous les travailleurs surtout ceux qui peuvent le plus difficilement défendre leurs intérêts matériels et moraux.
Dans toutes les crises économiques d’ampleur – et nous l’avons déjà constaté lors des conséquences de la crise de 2008 qui n’était qu’une crise « financière » ; celle qui s’annonce est liée à l’économie réelle – les entreprises qui tiennent malgré les difficultés mettent en place des plans de licenciements selon une hiérarchie fort bien connue : d’abord les apprentis, ensuite les intérimaires, puis les CDD avant d’entrer dans le « dur », à savoir, les travailleurs en CDI.
Le SNETAA alerte le ministre de l’Éducation nationale et de la jeunesse sur l’ampleur des dégâts que l’École de la République doit anticiper et amortir.
Actuellement, si les ruptures de contrats des apprentis ne sont pas encore visibles, c’est que les apprentis sont en chômage partiel pour 75% d’entre eux. L’École doit anticiper ouvrir au plus vite des places en Lycées professionnels pour ces jeunes, avec le statut « élève », en formation initiale. Nos estimations prévoient de 30.000 à 70.000 licenciements d’apprentis sur les niveaux CAP et Bac Pro.
Nous attendons une mesure urgente !
Pour les élèves qui se retrouvent en décrochage durable, les Recteurs doivent permettre aux jeunes les plus en marge d’ouvrir des CAP 3 ans. Il faut donc des moyens. Ces moyens commencent par abonder suffisamment de la DGH dans tous les Lycées Professionnels et revoir toutes les suppressions de sections initialement prévues.
Les indicateurs d’opinion démontrent que les français modifient leurs préoccupations. Ils exigent de revoir les priorités du gouvernement. Bien sûr, la priorité est donnée à la sécurité sanitaire, en second à la place de l’École et en troisième aux mesures pour empêcher la crise économique.
Nous savons les moyens que l’École doit mettre dans l’enseignement professionnel pour répondre à ces exigences.
Le SNETAA-FO attend des actes forts « quoi qu’il en coûte » !