Une insoutenable liberté
« Le fait de vivre dans une bulle protectrice, de me recentrer sur des activités simples, comme la lecture ou la cuisine, subir moins d’injonctions de la part de ma hiérarchie, le ralentissement du rythme et le fait de me recentrer sur ma famille m’ont été bénéfiques. Le plus difficile était d’assurer une continuité pédagogique. Très peu de mes élèves ont travaillé durant le confinement. Mais alors la vie après le confinement est vraiment difficile. Je ne me sens plus protégé. J’ai l’impression qu’on m’a arraché ma couette en plein sommeil. J’ai tout le temps froid. Quelle angoisse ! » Raconte un professeur de mathématiques en lycée professionnel.
La bulle protectrice qu’a pu représenter le confinement, a volé en éclat et d’un seul coup certaines personnes ont eu le sentiment de se retrouver toutes nues dans un environnement hostile, étranger. La rue est devenue un cauchemar : porter un masque, garder ses distances, ne pas trop parler. Le repli sur soi, la privation de libertés, la distanciation sociale ainsi que les autres gestes barrière peuvent alimenter une situation de stress post-traumatique.
Reprendre les transports en commun, amener son enfant à l’école ou retourner au lycée peut être vécu comme générateur d’angoisse. Certaines personnes souffrent d’anxiété, de troubles du sommeil, voire de dépression.
Ainsi, dans ce contexte anxiogène, des comportements réactionnels phobiques peuvent se mettre en place, comme l’agoraphobie, la peur de la foule ou d’un lieu où il est difficile d’être secouru, l’apparition de nouvelles phobies sociales, comme l’anthropophobie (la peur des gens) ou la blemmophobie (la peur du regard des autres, d’être jugé ou perçu comme anormal). Hypocondrie, phobie sociale… il existe en effet des risques de comportement d’évitement et d’anxiété généralisée au sortir du confinement.
Une augmentation des comportements addictifs : tabac, alcool, cannabis… est également à craindre. Face à une situation sans précédent, le recours aux substances addictives est utilisé pour faire baisser l’angoisse. Enfin, chez les malades souffrant de pathologies mentales, le risque de décompensations au sortir du confinement ne doit pas non plus être sous-estimé.
Pour la plupart d’entre nous, le rétablissement se fera spontanément et de manière plus ou moins rapide, en fonction des ressources de chacun, de sa capacité à réinvestir sa vie, du soutien de l’entourage. Pour d’autres personnes, la résilience peut prendre plus de temps.
Prenons garde toutefois à ne pas dramatiser. Tout le monde ne vit pas difficilement le déconfinement. Une clé ? Prendre le temps de reprendre ses marques, cultiver le lien social en reprenant peu à peu les activités qui nous font du bien et en renouant le contact avec ses proches. Heureusement l’été approche. Profitons de cette coupure estivale et de la douceur de l’été pour se rétablir.
Enfin, en cas de difficultés psychologiques persistantes, ne pas hésiter à appeler Murielle TURCHI, psychologue clinicienne au SNETAA-FO.
Téléphone : 06 19 79 32 30