Chez beaucoup, une nouvelle routine s’est mise en place, faite de petits rituels (promenade du soir, apéros virtuels, applaudissements de 20h…), seules échappatoires dans une liberté mise sous cloche. Certains ont aussi le sentiment d’avoir trouvé un confort dans une vie plus calme. C’est ce que pense notamment Cathy, professeure d’anglais. « Je serai très contente de revoir la famille, les amis, les collègues, les élèves. Mais j’avoue que je n’ai pas du tout envie de recommencer le rythme effréné d’avant. Je suis bien dans ma bulle même si la continuité pédagogique est très compliquée ». Certaines personnes ont instauré un nouveau rapport aux choses. Ils ont redécouvert le plaisir de faire du pain, de lire… Repartir dans la routine d’avant, c’est les tirer d’un monde qu’ils se sont construit, et dans lequel ils se rendent compte qu’ils ne sont pas si mal.
Pour une autre partie de la population, il y a une forte aspiration à revenir à une vie « normale », car ce confinement, il ne faut pas l’oublier, n’est pas confortable pour tout le monde. C’est difficile pour les personnes qui vivent dans des petits espaces, les personnes sans emploi, isolées, celles dont les enfants ont une scolarité difficile ou sont en bas âge.
Face au confinement, comme au déconfinement, on comprend vite que nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne et que les sentiments seront aussi nombreux et différents qu’il y a de vécus variés.
En sortant de cette bulle, il faudra reconstruire à nouveau, et probablement autrement. Tout ce qui n’était pas agréable, les embouteillages par exemple, auxquels on s’était habitué, ces côtés négatifs du quotidien vont être exacerbés. Nous risquons de traverser une crise existentielle.
Ce nouveau monde provoque des peurs, des angoisses, malgré l’impatience de retrouver une vie sociale. Anneta, professeur de mathématiques, nous résume en une phrase notre ambivalence: « Je suis hyper sociable, j’adore mon métier. Mais même si je ne me sens pas bien en étant confinée chez moi, j’angoisse à l’idée de me retrouver en classe avec mes élèves, dans la salle des profs avec mes collègues, en terrasse ou dans les magasins. Comme si j’étais devenue agoraphobe. Je ne sais pas comment je vais gérer cela, c’est très anxiogène. Le retour au lycée m’angoisse. Les risques de contamination seront toujours là, au-dessus de nos têtes. »
Le cerveau de l’être humain dispose d’un système d’alerte qui réagit en cas de menace potentielle. Et il réagit souvent de manière très anticipative, ce qui crée des tensions musculaires et de l’anxiété. Au début du confinement, les émotions et l’anxiété ont déjà été activées. On s’est retrouvé face à l’inconnu, l’incertitude. On s’est alors replié dans notre bulle. Avec le déconfinement, ces sentiments vont être décuplés.
Que faire alors pour mieux vivre ce déconfinement ?
Un retour progressif est ce qui est le mieux pour la santé mentale. La routine est en effet synonyme de prévisibilité, et donc de certitudes. Bousculer trop brutalement la routine qui s’est installée relancerait l’incertitude, source d’angoisse.
La crainte de retourner dans la rue, être masqué, et l’angoisse d’attraper le virus, en fait paniquer plus d’un.
Comment calmer ses inquiétudes ? Comment se préparer au déconfinement quand on est restés deux mois, parfois seul, chez soi ? Comment apprendre à vivre avec le Covid-19 ? Comment refaire confiance aux autres ? Si la question est vaste et la réponse propre à chacun, il existe certaines manières d’apprivoiser ses craintes et sa méfiance envers les autres. Vos inquiétudes font partie de votre quotidien ? Alors, plutôt que de lutter et de tout faire pour les éliminer, pourquoi ne pas accueillir ses émotions et apprendre à les gérer ?
L’être humain est un être de langage, de parole, qui a besoin de raconter, de parler, d’écouter, de mettre en mots son histoire pour allier le passé (avant le confinement), le présent et le futur et reprendre la main sur notre vie actuelle. Il va s’en dire que ce confinement inédit et ces mesures de restriction exceptionnelles ne sont pas sans conséquence et peuvent laisser de véritables cicatrices pour certains d’entre nous.
Mais rien n’est insurmontable.
L’important est de ne pas rester seul et d’avoir toujours cette auto-vigilance.
Si vous souffrez d’insomnie, cauchemars fréquents, faible appétit voire perte d’appétit… n’hésitez pas à appeler Murielle TURCHI, psychologue clinicienne au SNETAA-FO : 06 19 79 32 30.